15 mais 2007, Kyōto, Japon. C'est l’effervescence aux sanctuaires Kamo. Le festival Aoi se déroule comme chaque année, les participants décorent les temples et défilent dans les rues pendant que la foule se mêle aux parades. Il y avait énormément de mondes, des gens venaient de partout afin d’assister à ce superbe évènement, pas seulement de Kyōto ou même du reste du Japon, mais bien des quatre coins du globe. Les touristes semblaient s'en donner à cœur joie et les flashs des appareils photos scintillaient avec agressivité. Perturbé par cette nuée de paparazzis improvisés, un enfant s'était extirpé de la masse et continuait de s'éloigner, se dirigeant avec empressement vers les arbustes qui bordaient les sanctuaires. Quelques regards le suivirent sans véritablement s'accrocher, sans doute quelques personnes de bon sens trouvaient étrange qu'un si jeune enfant se promène seul dans un lieu aussi bondé. Une fois à l’abri dans les feuillages, le fuyard s’était accroupi avant de lancer un regard ennuyé en direction des passants.
- Comment est-ce que je vais retrouvé grand-frère avec tout ça moi ?Les sourcils arqués et la moues retroussée, le bambin ravala vite fait bien fait les envies de sanglot qui grimpaient lentement le long de sa gorge. Hors de question de pleurer pour ça, il devait bien y avoir une solution pensait le mouflet. Serrant les poings, il se redressa d'un seul coup afin de marqué sa détermination, et se heurta violemment la tête contre une large branche d'arbre. Il se jeta alors en arrière, agrippant son petit crâne endolori à deux main, et roula au sol en mâchonnant d’incompréhensibles jurons à l'égard de la malheureuse branche. Maintenant recouvert de terre, il se releva et, les yeux plein de rage, alla donner un coup de pied du bout de sa chaussure et de toutes ses forces aux pauvre arbre, qui n'y était finalement pour pas grand chose dans cette histoire.
- Crétin d'arbre !Vexé, blessé et perdu, le mouflet senti une poussée de colère monter de ses pieds à son cerveau, pour redescendre dans ses jambes. Sans ajouter le moindre mot, il se mit à courir, les yeux clos afin de ne pas pleurer, et aussi vite que son corps le lui permettait. S'éloignant dangereusement des festivités, bientôt les bruits de la foule s’estompèrent pour disparaitre complètement ... Essoufflé et un tantinet calmé par sa course endiablée, l'enfant s'arrêta et reprit son souffle avant se retourner, constatant avec un certain regret et une pointe de peur qu'il était réellement échappé du festival. Il resta immobile quelques secondes, activant avec difficulté les quelques neurones opératifs de sa caboche. S'il avait couru aussi loin, au point de ne plus voir ni même entendre la fête, il aurait tout logiquement dû sortir des arbustes, et atterrir sur les pavés situés de l'autre côté. Mais il était encore entouré d'arbre, et ceux-ci semblaient très différents des végétaux plantés au bord des sanctuaires. Ils étaient grands et leurs couleurs bien plus vives, si bien qu'il ne se rappelait pas en avoir déjà vu de semblables auparavant. Cédant lentement et inconsciemment à la panique, sa respiration se fit de plus en plus fortes, de plus en plus rapide, jusqu'à ce que ...
- Maintenant ça suffit !!Une voix s'éleva au cœur de la flore. Les yeux ronds et gonflés d’espérances, le mouflet s'élança avec hargne en direction de ces mystérieuses cordes vocales. Les sourcils froncés, il ne courrait plus, ses pas étaient si grands qu'il volait littéralement, bondissant avec vivacité, repoussant de ses petits bras les divers feuillages qui venaient se dresser sur son chemin. Devant lui, la pénombre se faisaient la malle, plus il avançait et plus cette drôle de forêt devenait lumineuse, et lorsqu'enfin il atteignit l'éblouissante lumière, synonyme de sortit, il prit une large inspiration et ... freina aussi sec.
- Mais qu'est-ce que ... Au loin se dressait un désert, derrière lui une forêt dense, et sous ses pieds un dallages usés et vieilli, accordé à l'énorme bâtiment délabré qui se tenait là, devant lui, avec fierté. Ses pupilles firent trois fois le tour des alentours, à trois reprise également, il tourna la tête vers la forêt. Perdu, l'enfant était perdu, aussi bien physiquement que mentalement, il ne pouvait même pas paniqué, il ne s'en sentait ni la force ni la volonté. La situation était aussi inexplicable qu’inexpliquée, aussi se frotta-t-il les paupières avant daigner faire un pas en direction de ce qui semblait-être, une usine désinfectée.
- Je m'en vais chasser ces saletés de là !Une nouvelle fois surprit et mais maintenant affolé par cette voix qu'il avait entendu plus tôt, le petit se pressa de trouver une cachète et, après avoir couru en rond quatre où cinq fois de suite, plongea le cœur battant derrière un amas de pièces métalliques, que l’intéressé identifia vaguement comme les restes d'une cheminée industrielle. Cette sensation était plus qu'étrange, à l'angoisse se mêlait l’excitation, si bien que cette situation en devenait presque plaisante dans les tripes de ce gamin joueur. Lançant un coup d’œil plus ou moins discret en direction de l'usine, il entrevit devant l'entrée quelqu'un d'assez petit mais qu'il jugeât tout de même plus grand que lui, à demi-caché par une sorte de tuyaux doré. Il ne s'agissait donc pas d'un adulte, pourtant la voix de tout à l'heure était si grave, si rauque ... Suite à ce grondement, une multitude d'étranges boules violacées se mirent à rouler, sauter, rebondir, comme si elles étaient vivantes, comme si elles tentaient de s'enfuir ...
- Fichez moi l'camp !L'enfant réalisa soudain que les mots s’échappaient de l'étrange tuyau doré et non-pas du mystérieux inconnu qui se tenait derrière. Sans crier garde, le dit tuyau se mit a bougé et d'un an étrange et lourd bruit de collision, s'éleva dans le ciel ...
Fanglongmon, mega, data. - Un ... dra ... gon ...Les mots s'évadèrent doucement de sa bouche restée bée devant ce spectacle qui se heurtait au summum de l'étrange. Maintenant debout et la nuque tordu afin de placer son visage face au ciel, le gamin fut recouvert par l'ombre de ce gigantesque lézard qui venait de bondir sur le toit de l'usine. Ouvrant grand son énorme mâchoire, il dressa son long cou écailleux et laissa s’échapper un hurlement plus que bestial.
『OUKAI』
Le ciel jusqu'alors d'un bleu imposant se teinta de gris, et soudain c'est le monde entier qui semblait perdre ses couleurs. Ainsi en quelques secondes s'installa un vent violent et humide, trop humide, tellement humide qui semblait tomber averse alors qu'aucun nuage ne pleurait. Lorsque l'enfant réalisa, il était déjà trop tard, une tornade mêlant eau et vent s'était mise à souffler, dévorant tout ce qui se trouvait sur son passage.
- Un ... typhon ? ... Mais on est même pas en mer !!Au loin le dragon disparu, portant sur le sommet de son crâne ce qui semblait-être un enfant un peu plus vieux que lui, la mystérieuse silhouette.